Bouts de vie from Montmartre, Paris et ailleurs...
8 Janvier 2015
Hier, j'avais prévu d'aller faire les soldes... J'étais d'humeur joyeuse, j'avais bien bossé le matin, récupéré Junior à la sortie de l'école, nous avons déjeuné, et au moment de partir pour le déposer au tennis, j'ai vu passer des mots sur les réseaux sociaux. Fusillade. Charlie Hebdo. On a pris la voiture, j'ai mis la radio, doucement pour que mon fils n'entende pas trop. J'avais peur de ce que j'allais entendre. On annonce de nombreuses victimes, et puis au fur et à mesure des minutes qui s'écoulent, le récit du massacre se fait plus précis... Je suis rentrée chez moi, j'ai senti la nausée monter, vraiment, physiquement, j'ai eu envie de vomir. Je n'ai pas allumé la télé, je ne voulais pas voir, je ne voulais pas entendre. Sur les réseaux sociaux, toutes les réactions étaient les mêmes : abomination, consternation... J'ai vu que le plan vigipirate était renforcé, et j'ai pensé que ce n'était peut-être pas très prudent de prendre le métro et d'aller faire les magasins. Mais rester chez moi aurait signifié que j'avais peur, et que je donnais raison aux barbares qui veulent nous terroriser. Alors je suis partie. J'ai pris le métro, il y avait peu de monde. Entre la Madeleine et Opéra, les magasins, d'ordinaire bondés en ce premier jour de soldes, étaient quasiment vides. Mon téléphone a sonné, numéro inconnu, je décroche, Junior au bout du fil. "Maman, le cours d'athlétisme est annulé et B. (le baby-sitter) est reparti". Le plan vigipirate est donc appliqué. J'appelle B., il fait demi-tour et retourne chercher Junior. Je suis rassurée, je continue mon shopping, mais bien sûr le coeur n'y est pas. La nausée, elle, est de plus en plus présente. A l'entrée des magasins il y des vigiles qui fouillent les sacs, qui surveillent. Je finis mes courses, je reprends le métro. Toujours aussi peu de monde, mais je sens bien que les gens se regardent bizarrement, et je n'aime pas ça. J'ai récupéré mon fils, nous sommes rentrés à la maison, et j'ai finalement allumé la télé, incapable de faire quoi que ce soit d'autre. Un peu comme je l'avais fait le 11 septembre 2001. Je suis terrassée. J'ai vu ces milliers de gens qui défilaient un peu partout en France et dans le monde. Je n'ai pas pu aller Place de la République, mais j'aurais aimé y être, par solidarité, parce que plus que jamais il faut que nous soyons tous unis ; TOUS.
Je n'avais pas prévu d'écrire quoi que ce soit sur ce qui s'est passé hier, parce que les sujets sérieux et qui plus est tragiques ne sont pas ceux avec lesquels je suis le plus à l'aise. Je n'ai rien posté sur les réseaux sociaux, j'ai juste changé ma photo sur mon profil Facebook. Je n'avais pas de mots. Mais en entendant ceux de Philippe Val sur France Inter hier soir, qui disait qu'il ne fallait surtout pas se taire, au contraire, qu'il fallait s'exprimer, s'indigner, dire ce qu'on ressentait, alors j'ai décidé de le faire. Parce que je suis horrifiée, bouleversée. Parce qu'hier, c'est la liberté qu'on a assassiné. Parce que ce n'est pas un attentat qui a été perpétré, c'est un meurtre. Parce qu'en s'attaquant à la presse et à l'humour, c'est aux valeurs fondamentales de la France qu'on s'en est pris. Parce qu'il faut se battre, ENSEMBLE, pour que la liberté, l'égalité et la fraternité demeurent à jamais les maîtres-mots dans notre pays. Avec nos armes à nous : les mots, l'humour et l'amour. En tout cas j'ai envie d'y croire, malgré la nausée...
Lulu, pacsée, maman comblée, marâtre assumée et communicante digitale de proximité.
Lulu From Montmartre est mon blog personnel. Pour tout savoir sur Montmartre autrement, rendez-vous sur www.montmartre-addict.com.
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