Aimez-vous les uns les autres qu'il disait...

Je n’ai pas pour habitude d’aborder des sujets trop sérieux sur ce blog ; je ne m’en sens souvent ni les compétences, ni la légitimité. Pourtant, il se passe plein de choses en ce moment qui ne me plaisent pas du tout, et particulièrement ce week-end où en regardant les actualités, j’ai eu tout sauf envie de rigoler (sauf dimanche soir, où là je me suis franchement marrée, et en plus ce n’est pas fini, mais c’est un autre débat… quoi que…).

A 14 ans, à l’âge où l’on noue souvent des amitiés « à la vie à la mort », j’ai rencontré une fille que je trouvais brillante, singulière, et pas tout à fait comme les autres. Elle est très vite devenue mon Amie (avec un grand A), et puis nous avons changé d’établissement, et nous nous sommes progressivement perdues de vue. Nous nous sommes finalement retrouvées quelques années plus tard grâce à internet, et avons depuis gardé le contact. Nous sommes toutes les deux pacsées et mères de famille, heureuses et amoureuses, et menons des vies parisiennes tout ce qu’il y a de plus normales. Sauf que le PacsMan de mon amie est une PacsWoman, et qu’elle n’a pas un Junior mais deux Padawans.

J’ai reçu une éducation religieuse somme toute assez classique ; je suis baptisée, j’ai suivi des cours de catéchisme, fait ma communion, mais je ne vais plus à la messe. Au delà du caractère historique des leçons de catéchisme qui m’a toujours passionné, ce que j’en ai retenu, ce sont des valeurs, parmi lesquelles celles de l’amour, de la tolérance et du respect. Et j’essaie au quotidien et tant que faire se peut de les mettre en pratique (même si je ne tends pas forcément la joue droite si on m’en colle une sur la gauche, faut pas abuser non plus !). En tout cas, c’est comme ça qu’on m’a élevée. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » ; c’est Saint-Jean qui le dit (enfin plutôt c’est Jésus, mais vous m’avez compris).

Alors oui ce week-end, j’ai ressenti de la honte et du dégoût pour ceux qui au nom de je ne sais quelle morale judeo-chrétienne à trois balles sont descendus dans la rue pour s’opposer au mariage pour tous et aux droits fondamentaux des homosexuels. Je ne me voile pas la face : j’imagine très bien que si dans quelques années mon fils m’annonce qu’il est homo, ça risque de me faire bizarre. Tout comme ça l’a très certainement été pour la famille de mon amie, ou pour un certain nombre de gens dans mon entourage « à qui c’est arrivé », parce que forcément, on sort d’un schéma classique et rassurant. Mais merde, ce ne sont pas des bêtes non plus, et si on peut ne pas être d’accord, limite trouver ça choquant (oui je respecte même ceux-là), de quel droit la religion viendrait se mêler des affaires de la République ? Moi, c’est ça qui me choque profondément, tous ces discours de haine véhiculés par des soi-disant bien pensants. Il est où l’amour dans tout ça ???

J’ai lu pas mal de choses sur le sujet depuis quelques jours, mais je retiens tout particulièrement l’entretien de Michel Serres accordé à La Dépêche du Midi au mois d’octobre, et le témoignage de Xavier Couture paru dans le JDD ce week-end. Pour moi, tout est dit, et beaucoup mieux que je ne pourrais le faire.

Mais je tenais à écrire ce billet pour les Padawans et leurs deux mamans. Parce que nos enfants ne sont pas différents, ce sont juste des enfants… qui ont deux mamans qui les aiment plus que tout ; et c'est quand-même ça le plus important.