Goudemalion : une rétrospective remarquable et indispensable !

Gros coup de cœur cette semaine pour l’expo « Goudemalion » au Musée des Arts Décoratifs. Jean-Paul Goude, tout le monde le connaît, peut-être même sans le savoir. On lui doit en effet bon nombre de campagnes de pub, comme les fameuses « kodakettes » de Kodak (voleur de couleur !), « Egoïste » de Chanel, « Coco » ou l’oiseau de paradis, la torera de Dim, la lionne de « Perrier », « Citroën » avec Grace Jones, et j’en passe. C’est également lui qui réalise depuis 2001 toutes les affiches pour les Galeries Lafayette. Bref, difficile, à moins d’avoir vécu dans une caverne au fin fond du Larzac depuis plus de vingt ans, d’être passé à côté d’une de ses œuvres.

Les Arts Décoratifs proposent actuellement la première rétrospective consacrée à l’artiste, explorant ainsi toutes les facettes de ses innombrables talents. Car Goude, c’est la pub, certes, mais c’est également à lui par exemple que l’on doit le fabuleux défilé du bicentenaire de la Révolution en 1989. Tour à tour photographe, réalisateur, directeur artistique, illustrateur, Jean-Paul Goude est un avant tout un créateur hors pair.

L’exposition retrace quarante années d’une carrière foisonnante et fascinante rythmée par les femmes, omniprésentes dans son travail et dont il fut pour certaines un véritable pygmalion. D’abord illustrateur pour la presse féminine dans les années 60, il devient au début des années 70 directeur artistique du magazine new yorkais « Esquire ». Un peu plus tard, c’est au travers de la photographie qu’il s’exprimera, notamment grâce à ses séries de photos représentant des groupes ethniques. Dans le même temps, il commence son travail autour de la « french correction », pour lequel il cherche à magnifier les corps en allongeant et sculptant les silhouettes. Ce travail graphique sur le corps trouvera sa clé de voute avec Grace Jones, dont il fera sa muse durant presque toute la décennie 80. 

A son retour en France, il démarre son autre carrière dans la publicité, et réalise donc, à la demande de Jack Lang, alors Ministre de la Culture, le défilé du Bicentenaire de la Révolution. On peut ainsi admirer la locomotive qui participait au défilé, installée au cœur de la nef du musée, et qui montre à elle seule la démesure de son projet célébrant les droits de l’homme, la multiplicité des ethnies et la mixité sociale.

Le parcours est riche de documents divers, de petits films récapitulatifs de son œuvre et de témoignages de l’artiste, de photographies et d’illustrations, mais aussi de mises en scène vidéos et vivantes. Ainsi, une créature se promène parmi les visiteurs, puis exécute par un jeu de miroirs une performance artistique totalement magique.

Vous dire que j’ai apprécié cette exposition serait un faible mot, car j’ai véritablement adoré découvrir ou redécouvrir les multiples facettes du talent de Jean-Paul Goude. Et finir la visite par un petit goûter en plein soleil sur la terrasse du Saut du Loup, le restaurant des Arts Décoratifs, fut la cerise sur le gâteau…

Goudemalion – Jean-Paul Goude, une rétrospective
Du 11 novembre au 18 mars 2012
Musée des Arts Décoratifs
107 rue de Rivoli, 75001 Paris
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h