Bouts de vie from Montmartre, Paris et ailleurs...
10 Janvier 2012
Je n’ai jamais été ce qu’on appelle à proprement parler une fan. J’aime et j’admire un certain nombre d’artistes, mais j’ai beaucoup de mal avec celles et ceux qui idolâtrent un chanteur ou un comédien au point d’en perdre le sens commun… D’abord parce que j’ai toujours côtoyé des gens plus ou moins connus grâce à mon métier, mais surtout parce que je pars du principe simple que tout le monde fait pipi et caca ! Dit comme ça, c’est franchement pas sexy et sûrement très con, mais d’un coup, ça calme ! Oui, même George Clooney et Robbie Williams peuvent choper la gastro, c’est moche mais c’est comme ça.
Tout ça pour dire que les gens les plus connus sont au final comme tout le monde, et qu’on peut avoir beaucoup d’admiration pour quelqu’un sans pour autant devenir fanatique ; on sait trop où cela peut mener…
Maintenant c’est vrai, comme pas mal d’adolescentes de ma génération, j’ai eu ma période Patrick Bruel. Je n’ai certes jamais fait partie des hystériques qui collaient vingt-cinq iiiiiii à son prénom, mais je suis sa carrière depuis ses débuts. J’ai son premier album en vinyle (aïe !), j’ai même vu son premier Olympia en 87, parce que les musiciens qui l’accompagnaient sur scène étaient ceux de Michel Jonasz (en l’occurrence Jean-Yves d’Angelo, Kamil Rustam et Manu Katché), et donc forcément si ce type avait d’aussi bons musiciens, c’était forcément quelqu’un de bien (oui j’ai mes références…). Je me souviens même que sur scène, il portait un pull noir avec un gros point d’exclamation (ou d’interrogation ?) et que je voulais le même, et que c’était un pull (ou un tee-shirt ?) de la marque Spector !
Donc oui, quand-même, j’étais plutôt fan, mais une fan de l’ombre, je le respectais, et surtout je n’ai jamais hurlé son prénom. D’autant qu’ensuite, c’était surtout en tant qu’acteur que je l’admirais : « Attention Bandits », « Force Majeure », « La Maison Assassinée », « L’Union Sacrée » faisaient partie de mes films préférés. Et j’ai toujours assumé. Sauf que dans les années 90, c’est presque devenu honteux d’avouer qu’on aimait bien Bruel. Et c’est vrai que c’est à peu près à la même époque que j’ai « décroché ». Mais j’ai toujours continué à apprécier l’homme. Sans le connaître personnellement, je l’ai toujours trouvé sympathique et, avouons-le, plutôt beau garçon, ce qui ne gâche rien.
Si Patrick Bruel avait choisi de sortir une biographie « classique », je ne suis pas certaine que j’aurais eu envie de la lire. Mais il se trouve que comme décidément ce garçon ne fait rien comme tout le monde, il a préféré nous raconter sa vie et son parcours sous la forme d’une conversation ; et ça, c’est quand-même super malin ! Parce que du coup, en lisant le bouquin, on a vraiment l’impression de faire partie de cette conversation avec le journaliste Claude Askolovitch. D’ailleurs, ce qu’il y a d’intéressant, c’est que c’est vraiment lui qui mène le débat, et s’il a accepté de mener à bien cette aventure, c’est justement parce que le personnage l’intriguait ; et il a fini par s’en faire un ami.
La conversation aurait certainement été beaucoup moins intéressante si les deux hommes avaient été copains de longue date. Là, ils se cherchent, se découvrent peu à peu et se dévoilent au fur et à mesure ; car Claude Askolovitch nous livre aussi son ressenti et s’appuie sur ses expériences personnelles pour amener certaines digressions qui font qu’encore une fois, il s’agit d’une vraie conversation et pas d’une interview.
Certains thèmes se révèlent particulièrement importants, tels la politique, la religion, la famille et les doutes de l’artiste. On découvre un Patrick Bruel profondément blessé par la période des vingt-cinq iiiiiiii (et comme on le comprend !), un petit garçon brillant et gâté par la vie, mais qui n’a jamais cessé de se remettre en question, adulé mais en quête perpétuelle de reconnaissance, un homme d’une intelligence redoutable mais qu’on a longtemps fait passer pour un con, un fin stratège et joueur de poker de génie (champion du monde quand-même, je n’y connais rien mais c’est énorme non ?).
En tout cas, c’est un livre agréable, qui se lit très facilement, et surtout à mon sens qui apporte un vrai regard différent sur ce qui fait un artiste et sa complexité. Celles et ceux qui aimaient déjà Bruel l’apprécieront encore plus (je crois), personnellement ça m’a rappelé plein de bons souvenirs. Pour les autres, je ne sais pas si cette conversation pourra les intéresser, mais quoi qu’il en soit, on peut dire que l’exercice est réussi.
Lulu, pacsée, maman comblée, marâtre assumée et communicante digitale de proximité.
Lulu From Montmartre est mon blog personnel. Pour tout savoir sur Montmartre autrement, rendez-vous sur www.montmartre-addict.com.
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