Bouts de vie from Montmartre, Paris et ailleurs...
15 Décembre 2011
Parmi
mes livres de rentrée*, il y avait « Mes illusions donnent sur la cour » de
Sacha Sperling. Ce premier roman avait fait couler pas mal d’encre lors de sa sortie en 2009, et après l’avoir lu, je comprends mieux pourquoi. D’abord, il faut souligner que c’est très bien
écrit (son auteur n’avait que 18 ans), et on remarque même une évolution dans le style au fil des pages. L’histoire raconte une année dans la vie d’un adolescent de 14 ans. Alors bien sûr, cet
ado vient d’un milieu aisé et fréquente l’un des établissements les plus huppés de la capitale, mais surtout, c’est bête de le dire comme ça, mais c’est avant tout un ado, et c’est à mon sens ce
qu’il faut vraiment retenir de ce roman ; Sacha est un ado paumé, qui trimballe son mal-être, et qui le gère tant bien que mal… C’est assez cru, tous les sujets sont abordés sans tabou
(sexe, drogue), et j’avoue avoir parfois trouvé certaines scènes assez dérangeantes. Ayant une ado à la maison, le sujet m’intéressait forcément, et je me dis que nous avons beaucoup de chance
d’avoir réussi à établir une vraie relation de confiance avec elle, qui fait qu’elle nous parle beaucoup. Je ne me fais pas d’illusions, j’ai eu 15 ans moi aussi, et j’imagine qu’elle ne nous
raconte pas tout non plus (heureusement), mais quand elle nous dit sur un ton désinvolte « mais vous savez, les choses ont changé depuis votre époque » (et que j’ai l’impression de
sentir mes cheveux blancs pousser tellement ça m’énerve ce genre de cliché), en lisant le livre, je me suis dit que oui peut-être j’étais peut-être un peu à côté de la plaque… C’est donc un roman
qui m’a laissée perplexe, un peu mal à l’aise, mais qui propose une vraie réflexion.
« Gamines » est le troisième roman de Sylvie Testud, que j’admire beaucoup en tant qu’actrice et dont j’apprécie le naturel et la spontanéité. Bien qu’en préambule elle prévienne que toute ressemblance avec des personnes existant serait un peu un hasard, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle raconte en fait sa propre histoire à travers celle de Sybille et de sa famille. La narratrice a donc 10 ans, elle vit à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse avec sa mère et ses deux sœurs. Le récit est simple, très spontané et assez drôle. On comprend très vite que la faille vient de l’absence du père, ce « Il » pourtant omniprésent au fil des pages mais pas dans la vraie vie de ces gamines. J’ai beaucoup aimé le style narratif, tout à fait à l’image de son auteure. C’est un petit roman plaisant et intelligent. Bonne pioche pour moi.
Dernière lecture du mois, « Les Bignoleries de la Butte », un recueil de nouvelles dont l’action, vous l’aurez compris,
se situe à Montmartre. Paru aux Editions de la Belle Gabrielle, petite maison d’édition qui publie principalement des ouvrages sur le quartier, ce livre est le premier tome d’une série qui
rassemblera des textes d’auteurs d’hier et d’aujourd’hui mettant en scène les montmartrois. C’est un projet qui m’intéresse beaucoup, dont j’avais entendu parler il y a quelques mois, et j’étais
donc impatiente de lire les premières nouvelles. J’avoue avoir été un peu déçue, car je trouve qu’une fois de plus, ces textes donnent une image de la Butte un peu vieillotte et désuète, image
qui fait certes son charme mais que je trouve parfois très réductrice. Je comprends le parti pris, mais je n’y adhère pas forcément. Les quatre nouvelles sont pourtant très différentes. J’ai bien
aimé la première, pleine de tendresse, beaucoup moins la seconde, écrite à la manière des brèves de comptoir. La troisième nouvelle se veut résolument plus moderne, et là c’est amusant parce
qu’elle regorge de détails concrets qui émaillent la vie du quartier (garer sa voiture un peu n’importe où, se lever à l’aube pour la bouger avant le passage de la fourrière, faire la queue au
Grenier à Pains rue des Abbesses, tout ça je connais bien !), mais j’ai finalement trouvé l’histoire pas très intéressante. Quant à la quatrième nouvelle, il s’agit d’un texte de Roland
Dorgelès (l’auteur des « Croix de Bois », ça nous rajeunit pas !), qui vécut à Montmartre quelques années. C’est finalement celle que j’ai préféré, parce que l’écriture est
imparable, et donc cohérente avec l’ambiance montmartroise des artistes et des estaminets de l’époque. Malgré cette petite déception globale, je continue de penser que les Editions de la Belle
Gabrielle sont une belle entreprise, et j’encourage tous les amoureux de Montmartre à suivre leurs publications. (http://labellegabrielle.fr/)
La photo n’a pas grand chose à voir avec ce billet, mais j’ai fait un petit tour sur le marché de Noël du Haut-Montmartre hier, et l’ambiance de la Place du Tertre presque déserte en cette fin d’après-midi d’hiver était assez magique… Un bel instant T pour Le Boudoir de Nikita…
Lulu, pacsée, maman comblée, marâtre assumée et communicante digitale de proximité.
Lulu From Montmartre est mon blog personnel. Pour tout savoir sur Montmartre autrement, rendez-vous sur www.montmartre-addict.com.
Voir le profil de Lulu from Montmartre sur le portail Overblog