Une soirée au Louxor : j'adore !

Si je vous dis Louxor, vous penserez sûrement à l'Egypte, peut-être aussi à Philippe Katherine... Il n'empêche que le Louxor, ce fut également l'une des salles de cinéma les plus prestigieuses de Paris. Inauguré en 1921, à l’angle des boulevards Magenta et de la Chapelle, ce lieu était un véritable chef-d’œuvre architectural où le tout Paris se pressait. Pourtant, au fil des années, le Louxor va devenir un lieu mal famé, victime de la mutation du quartier, qui se transformera en discothèque dans les années 80, pour finalement fermer définitivement ses portes en 1987. Heureusement, les façades et les toitures avaient bénéficié d’une inscription à l’inventaire des monuments historiques au début des années 80. Mais depuis de nombreuses années, il ne s’y passait plus rien, et c’est à peine si l’on remarquait encore la beauté de l’endroit.

En 2003, la Ville de Paris rachète enfin les lieux, et entreprend sa réhabilitation. Il faudra attendre dix ans de plus pour que le Louxor renaisse enfin de ses cendres, et que le cinéma rouvre enfin ses portes au printemps 2013. Cet endroit, je le connais bien, puisqu’il se situe à deux pas de Montmartre, et tout le quartier piaffait d’impatience de découvrir ce qu’il allait devenir. Cette renaissance, on la doit en grande partie aux associations* qui se sont battues pour que ce projet voit le jour, et c’est un véritable succès puisque depuis le 18 avril, le Louxor accueille de nouveau les spectateurs dans des salles entièrement restaurées, dont la grande salle Youssef Chahine (en hommage au réalisateur égyptien), véritable bijou architectural. Trois salles classées Art et Essai ont ainsi vu le jour, ainsi qu’un espace d’exposition et un lieu dédié à la restauration.

Vendredi soir, j’ai eu la chance d’assister à une représentation exceptionnelle des « Demoiselles de Rochefort » dans la grande salle, en présence de Mathieu Demy, fils de, ainsi que de personnalités du quartier et autre amateurs des films de Jacques Demy. Nous devions impérativement porter un haut de couleur, et la majeure partie des spectateurs avait joué le jeu. Ce fut surtout pour moi l’occasion de découvrir le lieu, vraiment incroyable ; on peut boire un verre sur la terrasse qui surplombe les boulevards, la grande salle est de toute beauté, avec ses deux balcons et ses fauteuils en velours (un peu raides c’est vrai, mais suffisamment espacés pour que mon Pacsman puisse allonger ses jambes, et pour lui c’est un vrai critère de confort !), et puis il y a même une vendeuse de friandises, comme autrefois, et ça j’ai adoré.

Quant au film... mais quel régal ! Alors bien sûr, il faut aimer le kitch, les comédies musicales, les couleurs gaies et les histoires à l’eau de rose, mais c’est carrément culte ! Des robes et coiffures de Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, en passant par le sourire de Gene Kelly (oh my god !), les dialogues tellement bien écrits mais parfois surprenants « tu es sûre que nos robes ne font pas un peu putes ? », le blond peroxydé de Francis Perrin (qui a quand-même gagné à vieillir...), les chorégraphies épatantes, les play-back des sœurs jumelles qui jouent de la trompette énormissimes, et surtout, surtout, le génie de Michel Legrand, tout y est, et nous nous sommes éclatés !

Ne me reste plus maintenant qu’à aller visiter l’exposition consacrée à Jacques Demy à la Cinémathèque, et à revenir plus souvent dans ce nouveau cinéma de quartier.

* Paris-Louxor et Les amis du Louxor